C'est le 28 août 1988 que commence l'histoire de Rammstein. Ce jour-là, lors d'un meeting aérien sur la base américaine de Ramstein, 3 avions de la patrouille de l'armée de l'air italienne se percutent et s'écrasent au sol. Les autorités américaines n'avaient prévu aucun service de secours pour ce meeting!!! Les avions avec leur carburant en flammes tombent directement dans le public. Le bilan est très lourd : 70 morts, les images de ce carnage marquent profondément l'Allemagne. Les USA manquent à leurs responsabilités en refusant un quelconque dédommagement des victimes. Il fallut attendre avril 2001 et coïncidence étrange, la sortie de Mutter pour enfin voir l'Amérique reconnaître ses torts et dédommager les parents des victimes.
6 Berlinois d'adoption originaires de Schwerin (ville de 200000 hab. à 80km à l'est d'Hambourg) ne peuvent oublier la catastrophe et la réaction américaine, ils en font une chanson qui marque le public qui ne cesse de scander Ramstein,Ramstein…Le groupe prit le nom de Rammstein qui signifie aussi parapet en allemand,en effet les membres refusaient de relier le nom du groupe à la catastrophe,or quand on a lu les paroles,il n'y a plus aucun doute…Depuis 2 ans Till a reconnu que le nom était un souvenir de ce drame.
Inspirés par OOMPH!, ils sortent leur 1er album Herzeleid, celui-ci ravit le public métal et industriel germanique mais a du mal à traverser les frontières à cause de la langue,des riffs durs et d'une sorte d'image bestiale voire même sanguinaire que dégageait le groupe selon les autres pays. Un souvenir de 45 sans doute. En effet, les membres ont été accusés d'appartenir à la mouvance néo-nazi à cause de la pochette de Herzeleid! En effet certains y voyaient le Herrenvolk (la race des seigneurs) prônée par Hitler…
C'est alors que David Lynch écouta la démo que lui avait envoyé le groupe, fan du réalisateur. Lynch adora et plaça 2 de leurs titres sur la B.O. de "Lost Highway", aux côtés de Marilyn Manson ou David Bowie. Le titre Rammstein résonnait à travers l'Europe quand sortit Sehnsucht, leur 2ème album. En Allemagne, c'est déjà la consécration avec plus d'1 million de copies écoulées... L'Europe succombe définitivement. Le son Rammstein, le show Rammstein, les vidéos Rammstein, nos Allemands ne laissent rien au hasard et s'assurent une renommée bien méritée.
Restait à conquérir les USA, pour cela le groupe enregistre 2 titres en version anglaise, mais c'est dans leur langue natale qu'ils vont s'imposer. Si leur 1ère tournée US n'est surtout remarquée que pour le show, leur nouvelle association avec Korn qui les a invité lors de leur Korn Campaign afin de jouer en première partie devait enfin assurer à nos Berlinois une reconnaissance musicale mondiale. En effet après quelques spectacles, Korn demanda à Rammstein de mettre fin à leur collaboration car nos Teutons attiraient un public qui partait une fois que Rammstein avait joué et qui ne regardaient même pas Korn!
Ensuite, les shows Rammstein ont été immortalisé sur vidéo et en CD Live, puis eut lieu la signature avec Universal, ce qui changea grandement la stature du groupe.
Un catalogue qui s'enrichit en avril 2001 avec la sortie mondiale de Mutter, l'album de la consécration absolue grâce à des sons plus soft (tout est relatif…) et à une promo enfin digne de ce nom. Mais qui pourrait mieux les présenter que eux-mêmes, alors place à une interview complète du groupe !!!!
Avant leur union
Les six membres de Rammstein viennent de l'ancienne République Démocratique d'Allemagne. Avant la chute du Mur de Berlin, eux et plusieurs autres groupes Est Européens n'avaient aucune possibilité de sortir du système politique dans lequel ils vivaient. Cela les rendait quelquefois un peu fous.
PAUL : Dans l'Est le travail était obligatoire. Il était virtuellement impossible de vivre seulement en faisant de la musique. La plupart des musiciens travaillaient la moitié du temps dans des usines ou des firmes. Ils jouaient de la musique pendant leurs temps libres. Par exemple, j'était vendeur dans une librairie.
Il avait hâte de devenir un musicien. Quoi qu'il en soit, il ne pouvait pas y avoir de gens sans emploi dans ce système et il a dû s'adapter à la situation.
FLAKE : J'ai fini mes études techniques et j'ai finalement travaillé dans une usine. Peu m'importait l'heure à laquelle je finissais, j'allais à la répétition avec le groupe. C'est à cela que ressemblait ma vie en ce temps là : l'usine, puis la répétition, puis dormir, encore l'usine, la répétition, et ainsi de suite.
PAUL : En RDA, seuls les diplômés du conservatoire pouvaient être des musiciens professionnels. Les groupes amateurs n'avaient pratiquement aucun droit d'exister. Ils devaient travailler, quelle que soit la profession, juste pour travailler.
FLAKE : C'était très facile de vivre en RDA si on n'était pas trop exigeant. La nourriture n'était pas cher, le logement non plus et ils te laissaient tranquille si tu avait un faux certificat d'emploi.
RICHARD : Nous étions pratiquement isolés de toute information à propos des tendances musicales dans l'Ouest.
Période de développement
Après la chute du Mur, ils firent tout leur possible pour rattrapé le temps perdu. Etre un musicien pouvait devenir leur principale vocation. Au milieu des années '90, ils se sont rapprochés des autres.
RICHARD : J'avais un groupe avant Rammstein, mais j'étais un peu lassé. Je travaillais sur quelques autres projets, dont un était celui de Rammstein. Nous voulions combiner les bruits de machines et la musique de notre propre production.
CHRISTOPH : L'idée était de créer de la musique monotone, partiellement ennuyeuse et " heavy ".
RICHARD : Un de mes amis jouait de la batterie dans un autre groupe. Je lui ai demandé de jouer avec nous. J'ai aussi su qu'il chantait de temps en temps, alors je lui ai demandé s'il ne voulait pas chanter. Au début il ne voulait pas, mais plus tard il a cédé devant mon insistance. Nous avons commencé à répéter et c'est comme ça que tout à commencé.
Les musiciens venant de Berlin et de Schwerin avec différents styles et goûts se sont finalement regroupés. Richard Kruspe et Oliver Riedel venait de la zone " cross-over ". Avant, Till Lindemann, Christoph Schneider et Oliver Riedel jouaient du " fun-punk ".
TILL : Nous supportions la charge de différentes influences musicales et nous voulions juste nous en débarrasser. Nous avons commencé à faire des choses dont nous n'étions pas sûrs que ça allait marcher, et peu après chacun d'entre nous " est tombé en dépression ". Il s'avère que c'est exactement ce que nous n'avions tous jamais voulu faire.
CHRISTOPH : Quand nous avons commencé à travailler en tant que Rammstein, tous nos autres groupes se sont divisés. Chacun sentait que nous faisions quelque chose depuis le tout début.
PAUL : Flake joue du clavier. Au début, c'était très difficile de le convaincre de jouer avec Rammstein. Il pensait que tout est trop maussade, ennuyeux, bête et dur. Nous savions que notre claviériste devait être dans un certain sens " en amont ", " contre ". Si vous considérez Rammstein comme un ragoût, vous avez besoin d'un peu de " sucre nerveux " dans ce dernier pour qu'il soit meilleur. Flake était exactement l'homme que nous recherchions alors nous lui avons dit : " Flake, joue avec nous! Nous sommes cinq, nous allons être six. " En fait il n'a donné aucune réponse mais il a continué de jouer avec nous.
Il y a aussi un problème avec le nom du groupe. Les musiciens nient avoir pris leur nom de la ville Ramstein en Allemagne, où 70 personnes sont mortes suite à une catastrophe aérienne survenue en 1988. Les membres du groupes maintiennent avoir été inspirés par les constructions de protection placées près des anciennes barrières, appelées " Rammsteine " (" pierres embouties ").
FLAKE : Ce n'est pas difficile de compléter un bon groupe. Nous l'avons simplement formé, il s'est produit de lui-même et il ne fait qu'exister.
RICHARD : Puis, nous avons tous eu des problèmes de relation homme-femme.
OLIVER : L'un ou l'autre d'entre nous a laissé sa copine, ou c'est elle qui l'a laissé, comme nous étions des musiciens laissés par leur femme, nous avons une sorte d'énergie de " pierres embouties ".
CHRISTOPH : Je n'ai jamais pensé qu'il y aurait quelque chose d'important en dehors de ça.
Le diable en feu
Au tout début, les membres de Rammstein n'émanaient pas seulement une "'énergie masculine ", mais aussi un véritable feu. Till Lindemann a même eu un permission spéciale pour cela.
TILL : Au début, c'était combiné avec une grande peur. Nous nous sommes souvent blessés. On doit savoir ce qui est correct et ce qui ne l'est pas - après tout, ce n'est pas un cirque.
À part les gestes et les flammes stupéfiantes, on peut aussi trouver des éléments humoristiques dans Rammstein - le spectacle.
FLAKE : Nous ne faisons jamais de plans ou de projets importants. Nous faisons juste des chose que nous croyons qu'ils vont supporter.(le public)
TILL : Nos spectacles sont à la fois sérieux et humoristiques. En gros, nous essayons d'être joyeux. Ces tentatives sont, comme certains peuvent dire, maladroites, mais ça marche peu à peu.
RICHARD : Nous avons quelques idées intéressantes auxquelles nous voulons nous plier. Moi-même je trouve du plaisir dans cette transformation, à me changer sur scène. Ça me donne du plaisir, j'aime ça et je suppose que les autres aussi aiment ça.
PAUL : C'est comme un théâtre, dans un certain sens. D'autre part, si vous voulez y prendre place, si vous voulez vraiment y jouer, vous devez avoir quelque chose à l'intérieur de vous.
Fraîcheur garantie
De temps en temps, les membres de Rammstein jouent des pièces plus délicates - juste pour attaquer soudainement et frapper les oreilles de l'auditeur avec une fois de plus un rythme " heavy ". Cette idée est basée sur le fondement de l'exception.
RICHARD : Dans mon ancien groupe, j'essayais d'imiter la musique américaine. J'étais curieux de savoir s'il était possible de jouer de la musique d'autres cultures musicales. J'ai passé six ans en Amérique, ce qui m'y a fait pensé. J'ai réalisé que c'est totalement impossible.
CHRISTOPH : Nous voulions faire quelque chose qui serait différent de ce qui est considéré " normal ", différent de ce que les autres ont fait. Nous en avons conclu qu'il y a beaucoup de bons musiciens en Europe, mais la seule chose qu'ils font est d'imiter la musique anglaise et américaine. Ces groupes sont, en gros, très peu indépendants.
PAUL : Je n'aime pas ça, je déteste ça quand quelqu'un imite les choses que les autres faisaient avant et qui le faisaient beaucoup mieux.
FLAKE : Nous avons trouvé notre style, nous savions exactement ce que nous ne voulions pas faire. Nous ne voulions pas jouer de la musique effrayante, punk ou autre chose dont nous n'avions aucune envie.
CHRISTOPH : Nous étions émerveillés par ce que nous étions capables de faire, ce que nous savions, ce que le " rythme du fond de notre cœur " était. Nous voulions savoir ce qu'était notre rythme de base. Aussi quelque chose sans le langage.
TILL : Au début, nous essayions quelques trucs en anglais, mais nous avons découvert que c'était totalement peu convaincant. Le langage est un problème, mais la traduction déforme cette signification. Nous avons aussi décidé que le langage allemand convenait à la musique. C'est monotone, franc, ça peut être facilement " absorbé ".
PAUL : C'est mieux de penser de façon " anguleuse ". Ça va mieux avec nous.
Opinion des membres de Rammstein sur différents sujets
LE PARADIS:
CHRISTOPH : Je ne crois pas qu'il existe.
PAUL : Quelques gens en Allemagne pensaient que l'Est était le paradis. Ils ne pensent plus comme ça.
TILL : (…)
RICHARD : Le paradis,c'est la famille.
LE PAPE
OLIVER : Je n'y suis pas intéressé.
CHRISTOPH : Pas utile.
PAUL : Rien à faire.
LES VACANCES
RICHARD : Je n'en ai pas eu cette année.
CHRISTOPH : Obligatoire.
OLIVER : Actuellement j'en ai tout le temps.
PAUL : Trop courtes.
LE CHÔMAGE
CHRISTOPH : Maladie incurable.
RICHARD : Pendant cinq ans.
TILL : Déjà allé.
LE RESPECT
RICHARD : On devrait avoir du respect pour tout le monde.
PAUL : On le perd avec le temps.
OLIVER : C'est une bonne chose.
TILL : Nécessaire.
LA CONFIANCE
OLIVER : Quelquefois elle fait bouger des montagnes.
PAUL : On la gagne avec le temps.
CHRISTOPH : Je pense que c'est une chose très importante.
TILL : Pas important.
LA PEINE CAPITALE
CHRISTOPH : Pas nécessaire.
RICHARD : Si quelqu'un violait mon enfant, je dirais " oui ", mais si je ne suis pas particulièrement affecté, la réponse est " non ".
OLIVER : Je suis contre la peine capitale.
PAUL : Je ne pense pas que ce soit bon.
L'ESPOIR
TILL : Sans lui, il n'y a rien.
CHRISTOPH : Si un homme n'a pas d'espoir, il ne peut pas faire grand-chose.
RICHARD : Crucial. Tous les jours, tous les matins.
L'OPÉRA
CHRISTOPH : Quand j'aurai 40 ans, j'irai à l'opéra.
PAUL : J'irais avec plaisir.
TILL : Oh mon Dieu, l'opéra? Bien, il y en a pas mal de bons, d'autres pas mal emmerdants.